Notre dernière étape à 4 en Patagonie se déroule à El Chalten, LA ville du trekking en Argentine. Pour finir en beauté, nous avons choisi d’y passer 5 jours, afin de pouvoir profiter au maximum de tout ce que le coin à offrir. En effet, bien que la ville soit principalement connue comme étant le point d’accès au fameux mont Fitz Roy, on y trouve également toutes sortes d’activités et de randonnées à faire.
Plus qu’une ville, El Chalten est plutôt un grand village, construit en grande majorité autour du tourisme et la randonnée. On y trouve 4 ou 5 rues principales, quelques supérettes, 1 distributeur (qui a tendance d’ailleurs a être souvent en panne… prévoir suffisamment de liquide avant de venir !) et une densité assez surprenante d’hôtels, de restaurants, de magasins de souvenirs et d’agence de tourisme. D’ailleurs il y a encore 30 ans en arrière l’endroit était totalement vide, et la population est passée de 371 habitants en 2001 à un peu plus de 2000 maintenant.
Contrairement à nos étapes précédentes, nous n’y avons pas trouvé d’Airbnb pour nous loger, et avons donc choisi un hôtel-appartement sur Booking.com chez « Complejo Como Vaca ». C’est assez grand, mais pas hyper propre et moderne comparé à ce que nous avions eu plus tôt sur Airbnb.
Pour la première après-midi, c’est repérage comme d’habitude, établissement du programme des randos à venir en fonction de la météo, et petite visite de la ville. A l’entrée d’El Chalten, on trouve d’ailleurs un grand panneau d’accueil ainsi qu’une énorme sculpture de backpack devant lesquelles nous nous amusons à prendre pas mal de photos.
Le soir, Florian nous concocte un excellent petit plat fait maison, le tout devant Harry Potter 7 vol.2 en espagnol (pas besoin de sous-titres quand on connait déjà les paroles par coeur… « Siempre »…). Elle est pas belle la vie ??
Jour 1 : Lago del Desierto et glacier Huemul
On nous avait prévenu : les jours de grands vents, ça souffle très très fort dans la ville et dans les montagnes alentours. C’est le cas pour notre première journée ici, et sur les conseils de l’office du tourisme nous choisissons donc de partir vers le lago del Desierto, apparemment à l’abri du vent. Après 1h de voiture sur une route pas facilement praticable, nous arrivons à destination : en effet, le vent ne souffle quasiment pas ici, par contre il pleut… C’est qu’on commencerait à s’habituer à faire des randos sous la pluie ! Le but de notre venue ici est principalement de monter au glacier Huemul, à 2km de marche du lac. L’accès au début de la randonnée est payant car il fait traverser une propriété privée, mais nous arrivons tout de même à négocier pour passer un peu moins cher (10 euros pour juste traverser la propriété sur 5min, c’est un peu exagéré…).
Le chemin est plutôt facile, et en haut nous arrivons sur une superbe lagune au bas du glacier. Malgré le mauvais temps, les couleurs sont magnifiques, et en plus nous sommes quasiment tout seul. Pour information, la glacier tient son nom de l’Huemul, un animal du coin appartenant à la famille des cervidés et en danger d’extinction. Partout nous voyons des panneaux indiquant leur présence dans le coin, mais nous n’aurons pas réussi à en voir de nos propres yeux. Au retour vers El Chalten nous faisons un stop au « Chorillo del Salto », une jolie cascade à 2/3km de la ville, facilement accessible à pied.
Le soir, nous nous faisons un petit apéritif « empanadas » à l’appartement : c’est qu’on est devenus fans de ces choses là ! Caloriquement parlant on ne préfère pas trop savoir ce que ça vaut, mais en tout cas ça sera à refaire en France à notre retour !
Jour 2 : randonnée jusqu’à la Laguna Torre – 18 km
Deuxième jour, on part cette fois-ci pour notre première randonnée à la journée dans le coin. Le but est d’aller jusqu’à la Laguna Torre, à 9km de la ville, qui permet d’avoir une vue sur le Cerro Torre. Situé pile à la frontière entre le Chili et l’Argentine, ce sommet de 3102m de haut est considéré comme un des plus difficiles à gravir, car il nécessite d’escalader une paroi abrupte sur 800m. Le chemin pour n’accéder qu’à la Laguna est bien balisé, et les kilomètres parcourus sont indiqués sur tout le chemin.
Ça monte un peu sur les 3 premiers kilomètres jusqu’à arriver à un point de vue indiquant toute la chaine de montagne alentour (qu’on ne verra pas en raison d’un trop gros brouillard…), par la suite le reste de la randonnée est hyper simple : c’est tout plat ! Malheureusement, nous nous prenons la neige sur tout le chemin, et arrivés à la lagune nous ne voyons rien… Nous faisons une petite pause pic-nic à l’abri sous une forêt en attendant que le temps se dégage, mais au final cela ne s’améliore pas tant que ça. Nous arrivons à apercevoir le glacier derrière la lagune et quelques montagnes alentours qui commencent à bien se recouvrir de neige. En revanche pas de signe du Cerro Torre. Tant pis, nous faisons demi-tour sans grand espoir que le temps se lève. Heureusement que le chemin ne nous a pas demandé trop d’efforts.
Jour 3 : la Lagune los Tres et le Fitz Roy – 20 km
Aujourd’hui on s’attaque à du gros : nous nous apprêtons à faire la randonné jusqu’à la lagune au pied du Fitz Roy. De prime abord les prévisions météorologiques annoncées une journée un peu plus dégagée que la veille, et la dame de l’office du tourisme nous avait conseillé d’y aller aujourd’hui car il y aurait moins de vent (note pour plus tard : ne jamais croire les sites de météo en Patagonie et les dames de l’office du tourisme). La marche jusqu’à la lagune est aussi très bien balisée et dure 10km. Les 3 premiers se font en montée mais offrent de très beaux points de vues sur la vallée et les montagnes avoisinantes, et du 3ème au 9ème kilomètres, c’est quasiment tout plat ! Sur le chemin, nous avons même la chance de croiser la route de piverts (des Woody Woodpecker en chair et en os !).
On les repère à leur tête toute rouge et au bruit qu’ils font en creusant dans le bois, et en plus ils se laissent bien approcher pour être pris en photos. Au 8ème kilomètre, nous tombons également sur une petite aire de camping gratuite d’où partent la plupart des randonneurs qui souhaitent aller voir le lever de soleil sur le Fitz Roy. Il n’y a pas d’installation sur place et les nuits peuvent être très froides (à notre époque le thermomètre passait largement en dessous de zéro), mais il parait que le jeu en vaut vraiment la chandelle (et quand on voit le rendu en photo d’autres voyageurs on ne peut qu’approuver !).
Au km 9 les choses commencent à se corser : ça grimpe ! La montée jusqu’à la lagune se fait en environ 1h, et selon nous c’est à peu près comparable à la dernière montée du Torres del Paine. En raison des températures froides des derniers jours, des plaques de glaces se sont formées sur le chemin et nous devons donc faire un peu attention de là où nous mettons nos pieds. Les garçons partent devant tandis que ma cousine et moi suivons un peu plus derrière à notre rythme.
Pendant toute la montée le vent souffle assez fort et nous devons faire attention à ne pas nous faire pousser par les rafales. Sur les dix dernières minutes, on regrettera même un peu de ne pas avoir de bâtons de marche pour garder l’équilibre et ne pas glisser sur les plaques de glaces. En haut nous retrouvons les garçons, arrivés déjà depuis une dizaine de minutes. On renfile toutes nos couches de vêtements afin de ne pas trop se refroidir, et nous descendons jusqu’au niveau de la lagune… qui s’est transformée en lac de neige/patinoire géante ! Tout est recouvert d’une épaisse couche de neige, et à vrai dire on pourrait presque confondre avec le sol si on ne savait pas qu’il y avait de l’eau en dessous. Yohann tente quelques pas dessus, mais mieux vaut ne pas tenter trop loin : ça serait un peu dommage que la glace casse sous nos pieds et que l’on se retrouve bêtement dans l’eau ^^. Quant au Fitz Roy… eh bien il joue les timides ! On arrive à peine à en apercevoir la base ! A croire qu’entre ça et les Torres, la malédiction du mauvais temps nous poursuit ^^. Malgré cela, nous continuons vers une deuxième lagune un peu plus loin. De là la vue est superbe ! On a beau ne pas voir les montagnes aux alentours, la couleur de l’eau n’en reste pas moins magnifique. On distingue néanmoins quelques aiguilles dont l’aiguille Saint Exupéry (2558m). En effet, trois des pics autour du Fitz Roy portent les noms des aviateurs Mermoz, Guillaumet et Saint Exupéry, qui ont tous les trois participés au développement de l’Aéropostale jusqu’en Patagonie dans les années 1930.
Nous attendons quelques instants à l’abri du vent au cas où le ciel se dégagerait un peu, mais nous finissons finalement par redescendre. Heureusement, nous avions vu le Fitz Roy par la route en arrivant, ce qui permet d’atténuer notre déception de ne pas l’avoir vu aujourd’hui. A la redescente, pas de signe de dégagement dans le ciel, donc pas de regrets de ne pas être restés plus longtemps en haut dans le froid !
Le soir, nous récupérons toutes nos calories perdues dans la journée au restaurant « La Oveja Negra », où Hélène et les garçons (désolée cousine, il fallait que je la place…) se délectent d’un bon asado grillé, tandis que je savoure un bon fromage cuit au barbecue (la « provoleta ») avec des légumes grillés.
Jour 4 : 26 bougies et des chevaux !
Aujourd’hui, je me réveille avec 1 an de plus ! Je ne me sens pas soudainement plus veille, mais c’est quand même trop bien de pouvoir fêter son anniversaire à l’autre bout du monde en Patagonie et en famille !!
Pour l’occasion, ma cousine et moi avions réservé une ballade à cheval dans le coin pour toute l’après-midi avec l’Estancia El Relincho. Vers 14h une navette vient nous chercher, nous emmène au ranch, et nous présente à nos 2 compères de la journée : Diego et Rodriguez ! Pour tout le temps de la ballade, nous sommes également accompagnés par un couple d’allemands et par Emiliano, le fils du propriétaire de l’estancia au look de Gaucho ! Toute la balade se fait dans le domaine appartenant à leur famille, qui ne serait pas accessible autrement. Les paysages sont superbes, et dans notre dos nous distinguons le Fitz Roy !! Le temps est clair et à nouveau nous pouvons admirer le bout de son nez ! On sent vraiment qu’Emiliano maitrise à la perfection ses chevaux et connait le coin comme sa poche. Pendant toute l’après-midi, nous sommes également suivis par son chien, qui passera son temps à courir après des agneaux apeurés ^^. A la moitié, nous sommes autorisés à tester le galop ! Après quelques instructions, nous nous lançons tous les 5. Au final, c’est bien plus agréable que le trot et assez facile. Il faut juste éviter de perdre pied à l’étrier afin de garder un bon équilibre… Un peu plus et on se prendrait pour de vraies cowboys nous aussi !
Un peu avant la fin, Emiliano nous fait faire une pause dans une petite maison afin de prendre le gouter : biscuits au dulce de leche et maté, la base ! C’est pour nous l’occasion de gouter le maté pour la première fois. Cette boisson nationale argentine s’apparente un petit peu au thé vert, mais qu’on aurait laissé infuser beaucoup trop longtemps. Le goût est assez fort, mais les argentins en consomment absolument tout le temps. Pour le boire, on met les herbes de yerba maté dans une calebasse (comme un petit récipient rond), on ajoute l’eau chaude et on boit à l’aide d’une bombilla (une sorte de paille métallique qui permet de filtrer les herbes en buvant). Impossible de passer à côté lorsqu’on fait un séjour en Argentine, et même plus largement en Amérique du sud. Comme le thé et le café, le maté est un stimulant, mais contient un nombre de propriétés bénéfiques assez impressionnant ! Cela aiderait à améliorer la concentration, serait anti-cancérigène, stimulant, anti-oxydant, brûle-graisse…. Son seul point négatif serait qu’il empêche de dormir s’il est bu en trop grosse quantité le soir.
Combiné avec des biscuits au dulce de leche (une sorte de pâte de caramel au lait concentré avec la consistance du Nutella), on se fait donc un petit gouter typiquement local ! En plus de tout ça, l’endroit où nous nous arrêtons nous permet d’avoir une magnifique vue sur les plaines avoisinantes et le Fitz Roy !! Il est là, il est beau, il est dégagé : enfin nous pouvons en profiter pleinement ! C’est une magnifique vue de carte postale, et c’est aussi une petite revanche sur notre randonnée de la veille. De plus, comme tout le terrain appartient à l’Estancia, il n’est pas possible de le voir sous cet angle autrement qu’en faisant la ballade à cheval. Entre la vue sur le Fitz Roy, la promenade, les paysages, le galop, et la petite pause gouter (avec les petits chatons ) : c’est une superbe expérience qu’on ne regretterait pour rien au monde !
Vers 18h la promenade se termine et Emiliano nous ramène tous en voiture à El Chalten où nous retrouvons les garçons. Pendant notre absence, ces derniers en ont profité pour repérer des restaurants de la ville proposant une carte végétarienne pour mon anniversaire, et acheter des empanadas pour l’apéritif Avant d’attaquer tout ça, nous profitons tout de même qu’il fasse encore jour pour aller voir le mirador des condors, à 25min de la ville. Pas de condors en vue, mais un joli coucher de soleil sur toute la ville d’El Chalten.
Après notre petit apéritif bière/empanadas, nous nous rendons au restaurant Don Guerra afin de fêter à la fois mes 26 ans, mais également notre dernière soirée tous les 4 ! En effet, notre roadtrip ensemble se termine déjà ce soir, après plus de 3 semaines passées sur les routes patagones. Pour finir cette journée en beauté, j’aurais même la joie de souffler des bougies/allumettes sur des pâtisseries achetées dans la journée par Yohann et Florian, et également d’ouvrir des cadeaux !! Fêter son anniversaire de la sorte à l’autre bout du monde, ça n’arrive pas tous les ans et je m’en souviendrai longtemps !!
Jour 5 : le départ
Jeudi 26 au matin, il est l’heure des adieux. Hélène et Yohann repartent déjà pour Punta Arenas, où un vol pour Santiago les attend le lendemain, puis un autre pour Paris 2 jours après. Ces 3 semaines sont passées bien trop vite, et nous avons passé un super séjour tous les 4. Nous sommes très contents d’avoir pu partager avec vous quelques semaines de notre quotidien en voyage, et on espère que cela vous donnera envie de venir visiter le reste du continent une autre fois (et puis de toute façon, il va bien falloir venir se réapprovisionner en dulce de leche !).
De notre côté, Florian et moi passons la journée à déambuler dans El Chalten (principalement à manger des gaufres au dulce et des glaces) en attendant notre bus du soir qui nous emmènera à Los Antiguos, où nous repasserons à nouveau la frontière pour retourner au Chili.
La prochaine étape ne se fera donc plus à 4, mais cette fois-ci tous les 2. Pour autant, nous n’en avons pas encore tout à fait terminé avec la Patagonie : il nous reste encore notre prochaine étape, direction Puerto Rio Tranquillo et les cathédrales de marbre !
Tous nos articles de l’Argentine :
- Ushuaïa et la Terre de Feu
- El Calafate et le Perito Moreno
- Randonnées à El Chalten
- La « buena onda » à Buenos Aires
- Maravillosas Iguazu !
- Roadtrip dans la région de Salta
- Bilan de l’Argentine
Coin pratique
1 euro ~ 20 Pesos Argentins
Ballade à cheval chez El Relincho : 1400 pesos par personne pour toute la demi-journée. G-E-N-I-A-L !!!
Accès au glacier Huemul : 200 pesos par personne.
Bus El Chalten – Los Antiguos : 1120 pesos par personne en semi-cama (fauteuil incliné). Départ 20h50 arrivée 07h20 le lendemain. Attention il y a un bus tous les 3 jours environ.
Restaurants :
Como Vaca : pas mal, mais clairement pas le meilleur de la ville ! Environ 240 pesos la viande. Pas de CB.
Don Guerra : bon plats variés pour un prix très correct ! CB acceptée.
Che Empenada : trop bonnes empenadas !! Compter entre 25 et 30 pesos par pièce. Pas de CB.
Lo de Haydee : boulangerie / pâtisserie. CB acceptée.
La Wafleria : Environ 140 pesos les 2 gauffres. Un délice, notamment celle au dulce !!
Logement :
Como Vaca : nous avons eu une promotion par Booking, autrement l’établissement n’est pas fou-fou et pas hyper propre. Proprios très sympas cependant. 280$ pour 5 nuits.