Préparation du trek à Kalaw
Nous arrivons à Kalaw en début d’après midi après 7h de bus depuis Bagan. La ville est petite, nous rejoignons donc rapidement notre hôtel le « Golden Kalaw ». Il n’y a pas grand-chose à voir ou à faire ici, mais la ville est connue principalement comme étant un point de départ de multiples trek, dont celui de 3 jours à destination du Lac Inle. Et ça tombe bien, nous sommes là pour ça :). Après avoir posé nos bagages, nous partons donc à la recherche d’une agence proposant ce type de trek. Il y en a partout en ville, proposant à chaque fois sensiblement le même parcours. Nous hésitons quelques instants entre celui proposé par « Sam’s Family Restaurant », réputé dans le domaine, et celui de notre hôtel. Au final pour un différence de 2000 Kyats par personne nous choisissons celui de notre hôtel.
Le trek se décompose donc en 3 jours / 2 nuit, la première nuit passée en monastère et la 2ème chez l’habitant. Le parcours dure environ 60km et coûte 43000 Kyats par personne, nourriture et logement compris (sauf l’eau à acheter au fur et à mesure du parcours). Le soir vers 17h30, nous sommes donc convoqués à l’accueil de l’hôtel afin de rencontrer notre guide ainsi que le reste du groupe avec qui nous partagerons ces 3 jours à venir. C’est ainsi que nous faisons la connaissance de Wai-Wai, jeune guide birmane de 20 ans, et du reste de notre troupe : Jacqueline et Jean-Pierre, deux amis fans de motos originaires du Vaucluse et Emmanuelle et Guillaume, 28 ans tous les deux, en couple et ingénieurs en région parisienne ;). Jacqueline et Jean-Pierre voyagent respectivement 3 et 2 mois à travers l’Asie du Sud Est, et il y a de fortes chances que l’on se recroise au Vietnam ! Emmanuelle et Guillaume quant à eux sont en vacances pour 2 semaine en Birmanie, mais… sont revenus il y a moins d’un an d’un tour du monde de 7 mois tous les deux ! Et ils avaient même rencontrés l’an dernier en cours de route des bloggeurs que nous avons suivis lors de nos préparatifs (Chronomundi) : le monde est vraiment petit !! Le hasard fait donc vraiment bien les choses et tous ces points communs feront de nous tous une super équipe pour les 3 jours à venir . Nous passerons même notre journée au lac Inle tous ensemble encore une fois, mais ça, ça sera pour le prochain article ;).
Le départ est prévu pour 8h30 le lendemain matin, nous allons donc nous coucher tôt après un plat de noodles et une bonne douche chaude !! Enfin !! Depuis que nous sommes en Birmanie nous n’avons presque jamais eu de vraie douche chaude (au mieux l’eau était tiède), vous n’imaginez pas le plaisir que cela a été pour nous ce soir là ! Comme quoi le bonheur ne tient à vraiment rien parfois :). Nous avons du prendre l’intégralité de l’eau chaude de l’hôtel ce soir là!
Premier jour de trek : c’est parti !
8h30, après un bon petit-déjeuner à l’hôtel nous sommes prêts à partir. Nous ne prenons avec nous que nos deux petits sacs d’appoints contenants quelques affaires pour 3 jours. Nos gros sacs quant à eux seront transférés directement à notre hôtel au Lac Inle. Wai-Wai vient nous chercher à l’hôtel et nous commençons la matinée de marche! Nous traversons un peu de forêt et plusieurs champs, dont des champs de thés ! Ce n’est pas la saison des récoltes mais on peut sentir tout de même de bonnes odeurs de thé tout autour de nous. Nous nous arrêtons quelques instants au bord d’un immense réservoir d’eau, où Wai-Wai nous expliquera la croyance des birmans pour les « Nat » : des esprits vénérés dans le pays, surtout dans les zones rurales. Attention donc quand on veut faire une pause petit coin dans la forêt à ne pas se tenir trop près d’un arbre pouvant héberger un Nat ! Wai-Wai nous parlera aussi de ses ambitions pour l’avenir : à 20 ans, elle continue de prendre des cours à l’université en parallèle de son activité de guide afin d’améliorer son anglais. Son but : ouvrir sa propre compagnie de trek sur Kalaw, employer des guides et économiser assez d’argent pour pouvoir venir visiter Paris. Et c’est tout le bonheur que nous lui souhaitons :).
Sur le chemin, nous croiserons aussi plusieurs fois le chemin de buffles, dont notre guide nous dit de nous méfier : si son petit est présent à ses côtés, maman buffle peut devenir très agressive et foncer dans le tas !
A midi, nous nous arrêtons pour manger au niveau d’un superbe point de vue sur toute la vallée : chapattis et fruits frais au menu, c’est un régal. Nous reprenons la route sous la chaleur tapante pour encore 3h de marche dans l’après-midi, dont une bonne partie sur des voies de chemin de fer. On se croirait un peu dans « The Walking Dead » à marcher comme ça en direction du « Terminus »… Heureusement pour nous pas de zombies à l’horizon cette fois-ci ! Nous arrivons en fin d’après-midi au niveau d’une gare/village/marché, où nous nous arrêtons quelques instants pour boire un thé et manger pleins de gâteaux. Pendant ce temps nous regarderons un groupe d’hommes jouer au Chinlon, un sport national birman dont le but du jeu est de se faire des passes avec une balle en rotin tressé sans jamais faire tomber la balle par terre, le tout uniquement en jonglant avec les pieds. C’est vraiment technique et très impressionnant à voir ! D’autant plus que les joueurs sont de tout âge: des jeunes comme des vieux! Nous sommes admiratifs devant tant de souplesse et de dextérité.
Après cette petite pause, nous marchons encore une bonne demi-heure avant d’arriver au monastère où nous dormirons la première nuit. A notre arrivée, nous aidons Wai-Wai à installer les couchages dans le monastère : nous dormirons sur des sortes de futons sur un côté de la salle, avec une bonne dose de couvertures chacun. Nous allons ensuite chacun à notre tour prendre notre « douche » avant que la nuit tombe : une sorte de gros bac en plastique rempli d’eau (froide bien sûr) était mis à disposition dehors mais l’eau paraissait un peu croupie, et l’endroit était surtout un peu visible par tous…
Finalement Guillaume et Emmanuelle trouveront la solution de repli pour la soirée : la douchette des toilettes. Dans toutes les toilettes que nous avons pu voir depuis l’Inde, une petite douchette est toujours mise à disposition pour se laver après (ils n’ont pas de papier toilettes, mais on ne va pas vous faire un dessin ^^). L’eau qui en sort est gelée et il n’est pas hyper agréable de se laver dans des toilettes turques au fond d’un monastère, mais au moins l’eau était plus propre que dans le bac et nous pouvions avoir un peu d’intimité. C’est sommaire, mais nous ne sommes pas venus ici pour chipoter, et puis au moins ça nous fera des souvenirs à raconter !
Entre temps, Wai-Wai nous prépare un succulent repas que nous dégustons tous ensembles. A 21h nous nous endormons tous crevés sur notre futons, pour une nuit reposante bien que glaciale.
Deuxième jour
Le réveil est dur au petit matin : à 6h nous nous réveillons doucement dans le froid pour aller prendre le petit-déjeuner préparé par notre guide avant de reprendre la route. Le petit-déjeuner était très bon, mais n’a pas du tout plu à mon estomac… Au bout de quelques dizaines de minutes à peine je ne me sens pas bien du tout : le petit-déjeuner ne passe pas et me rendra bien malade pendant quelques instants. En milieu de matinée pourtant je me sens un peu mieux (même si le mal de ventre me durera toute la journée) et nous reprenons la marche d’un bon pas. En effet, nous devons faire la plus grosse partie de la journée avant la pause de midi afin de marcher le moins possible dans l’après-midi en plein cagnard. Nous traversons pendant cette matinée de nombreux champs de piments, de choux et d’autres légumes et croiserons la route de courageux travailleurs. Ça ne doit pas être facile de travailler ainsi en plein soleil avec cette chaleur… Nous faisons également une courte pause dans un village pour boire un thé en compagnie d’une dame âgée en train de tisser à la main des sacs et des turbans traditionnels (note pour plus tard : le turban traditionnel birman ne me va pas du tout et ne fera pas du tout fashion dans ma penderie !).
A midi, nous nous arrêtons dans un village tout près des plantations de piments rouges. Le village en est d’ailleurs plein: devant chaque maison des tonnes de piments sont empilés au soleil afin de les faire sécher. Nous sommes alors accueillis chez un couple de personnes âgées, chez qui nous allons mangés sous le regard du père d’Aung San Suu Kyi (le libérateur du pays) dont la représentation est présente dans beaucoup de foyers birmans. Toujours aussi gentille, notre guide refuse que nous l’aidions à faire le repas et nous patientons donc dans le salon en attendant. Après-manger, une petite sieste s’impose pour Jacqueline, Guillaume et Florian qui s’endorment tous les 3 à même le sol pendant qu’Emmanuelle et moi partons nous balader dans le village.
Nous reprenons la route vers 15h30 et remercions nos hôtes de nous avoir si gentiment accueillis dans leur maisons pour le temps d’une petite pause repas. L’après-midi, nous parcourons pendant deux petites heures des rizières en terrasse. Ce n’est pas la saison pour le riz donc toutes les terrasses sont sèches, mais la vue est déjà superbe et on imagine bien à quel point cela doit être magnifique pendant la saison des pluies lorsque tout est vert! Nous arrivons en fin d’après-midi dans le village où nous logerons cette nuit.
Nous tenterons cette fois-ci la douche avec le bac en plastique. Bon, niveau hygiène et propreté c’est pas trop trop ça… Mais pour 2 jours une petite toilette de chat le soir sera suffisante. En revanche, cela nous fait énormément réfléchir sur la chance que nous avons d’avoir une vraie salle de bain avec de l’eau chaude tous les jours en France. Pour tous ces gens, ce bac d’eau froide est leur quotidien: pas d’eau chaude, pas de bain ou de pommeau de douche sous lequel se prélasser pendant des heures…
Une fois n’est pas coutume, Wai-Wai est à nouveau au fourneau ce soir et nous fêtons tous les 6 notre deuxième soirée de trek autour d’un petit apéritif de chips et de whisky local acheté à la supérette du village (la bouteille en version miniature, on vous rassure ). Je n’y connais rien en whisky mais à voir la tête des garçons celui-ci semble valoir son prix dérisoire… Après manger, nous nous lançons dans une partie de « Président » (pour rester poli, même si la plupart d’entre nous connait ce jeu sous un autre nom!) et Wai-Wai se joindra même à nous pour quelques parties ! Il faut croire que le jeu est universel : elle connaissait déjà les règles grâce à ses soirées passées à l’université ! Elle en profitera pour nous révéler ses talents cachés, également appris à l’université, avec une démonstration de mélange de cartes assez impressionnante. En revanche nous ne savons pas si le nom du jeu est lui aussi universel car nous n’avons pas osé prononcer le mot devant notre guide de peur de la choquer : le perdant sera donc désigné comme étant le « looser ». Bonnes parties de rigolades en perspective avant d’aller nous coucher à nouveau sur des petits futons et sous une tonne de couettes!
Dernier jour : le trek et la touriste
Je me réveille ce matin très mal : mon mal de ventre de la veille n’a fait qu’empirer dans la nuit et s’est désormais transformé en début de tourista. Pas du tout DU TOUT cool pour une dernière journée de trek à affronter ! Sûrement le coup à ma poisse légendaire : il faut forcément que ce genre de choses me tombe dessus toujours au bon moment. Surtout que bien entendu nous avions oublié de prendre les médicaments adéquats pour ce genre de problèmes (tout était resté dans les gros sacs). Erreur de débutants… Heureusement, MERCI encore à Jacqueline de m’avoir donner les gélules d’immodium qu’elle avait prises avec elle.
Nous attaquons quand même la journée, très difficilement pour moi : je n’ai aucune force et mon ventre me fait vraiment très mal. Au bout d’une heure j’ai la tête qui tourne et je ne me sens pas de continuer à marcher plus longtemps. Wai-Wai, adorable comme toujours, nous trouve alors LA solution de secours et demande à une équipe d’ouvrier en train de décharger du bois sur un chantier si ceux-ci peuvent nous emmener au prochain point de repos du trek. Florian se joint alors à l’équipe d’ouvrier afin de décharger le truk le plus vite possible et nous embarquons tous à bord du camion, rapidement rejoins par une autre équipe de 2 trekkeurs et leur guide qui ont du vouloir profiter de l’occasion :). Nous rattrapons ainsi tout le retard accumulé par ma faute dans la matinée et dépassons ainsi plusieurs autres groupes sur la route. Arrivés au point de repos, deux solutions s’offrent à moi : continuer le trek jusqu’au bout avec mon équipe, ou prendre une moto-taxi pour 6000 Kyats qui me déposera à l’arrivée où je pourrai attendre le reste du groupe en me reposant. Après 20min de repos, 2 coca-colas et un mélange magique birman à base de vitamines, je reprend un peu des forces et décide de continuer la route à pied avec le reste du groupe. Et puis je dois avouer que je ne voulais pas abandonner le trek si proche du but… Les vitamines, le coca, et les immodiums aidants, je me sens assez requinquée et nous finissons ainsi les 3h de marche qui nous séparent de la fin. Au final je ne regretterai pas d’avoir continuer : les paysages étaient superbes ! Nous avons traversés des forêts de bambous ainsi qu’un « désert » au sable rouge qui nous donne un petit avant goût de l’Australie. Nous n’aurions jamais imaginé que les paysages birmans pouvaient être si beaux et si variés.
Vers 13h, nous arrivons aux abords du lac Inle à notre destination : dernier repas tous ensemble avec Wai-Wai avant de dire au revoir à celle-ci et d’embarquer à bord d’une pirogue qui nous amènera à Nyaung Shwe où nous résiderons pendant les 3 prochains jours au Lac Inle. La traversée du lac dure 1h et nous apprécions énormément cette ballade reposante ! On a hâte de retourner sur le lac demain !
Nous déposons Jacqueline et Jean-Pierre à leur hôtel au bord du lac et disons au revoir quelques minutes plus tard à Guillaume et Emmanuelle avant de nous diriger chacun vers notre hôtel. Nos 3 jours passés tous ensemble s’arrêtent ici, mais nous planifions déjà de nous revoir tous les 6 le lendemain afin de visiter le lac ensemble :). Il est temps maintenant de prendre une vraie bonne douche (qu’on a savouré comme jamais !) et de profiter d’un bon matelas pour une nuit de plus de 10h!
Marcher, être dans la nature et être totalement déconnectés : ce trek de 3 jours nous a fait énormément de bien. Entre la marche et les maux de ventre, j’ai en plus sûrement perdu quelques kilos (restons positifs) ! Nous avons vu de superbes paysages variés : des rizières, des champs immenses, des forêts de bambous, des montagnes verdoyantes… Nous ne pensions pas voir autant de beaux paysages en 60km! Ce trek nous a aussi permis de partager pendant quelques instants la vie dans un monastère ou dans des villages birmans. Les locaux que nous avons croisé ont toujours été très souriants (comme partout en Birmanie!) et c’est un vrai plaisir d’entendre des « Mingalabar » pleins d’entrains à chacun de nos passages! De plus, notre guide a toujours été d’une grande gentillesse et au petit soin pour nous pendant ces 3 jours : merci Wai-Wai de t’être si bien occupée de nous !! Enfin, ce trek a été l’occasion pour nous de faire de belles rencontres et de créer de vrais liens au sein de notre petite équipe :). Cela n’a fait que participer à la réussite de ces 3 jours ! Un trek que l’on vous recommande donc fortement, sportifs ou pas!
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