Ile de Pâques, le nombril du monde

Bien que nous ayons quitté Tahiti, nous ne sortons pas de suite de la Polynésie pour autant. Après 4h30 de vol, nous atterrissons à Hanga Roa, chef-lieu de l’île de Pâques. Également connu sous son nom polynésien « Rapa Nui », c’est une des extrémités du triangle polynésien formé aux autres bouts par Hawai et la Nouvelle-Zélande. C’est aussi une des îles habitées les plus isolées du monde : Tahiti est à 4256 km et les côtes chiliennes sont à 3525 km. Il faut dire qu’on n’accède pas facilement à l’île de Pâques : il faut obligatoirement passer par Santiago ou Papeete, et les avions ne sont pas forcément quotidiens (depuis Tahiti, il y a seulement 1 vol par semaine le mardi à 03h du matin). Ce n’est donc pas tous les jours qu’on peut avoir la chance de passer par ici, et notre séjour en Polynésie Française était la parfaite occasion pour nous de nous y rendre. Niveau superficie, on en fait vite le tour : sa plus grande longueur fait 23km et l’île fait en tout 153km2. Si on ajoute à tout ça son passé mystique et le fait qu’elle abrite les fameuses statues de Moaï, on obtient une destination vraiment mythique qu’on ne pouvait pas rater !

Même si je suis déjà venue ici il y a 14 ans lors d’un séjour en famille au départ de Tahiti, mes souvenirs de la ville d’Hanga Roa, et de l’île en général (hormis bien sûr des gros sites importants de Moaï) se faisaient lointains. Dur de dire si en tant d’années les choses ont beaucoup changé, j’avais tout de même le souvenir que les infrastructures touristiques n’étaient pas autant répandue. Ils nous arrivaient même parfois de faire du troc pour acheter des souvenirs. Depuis plusieurs années l’île de de Pâques devient une destination de plus en plus visitée, la ville a évolué en parallèle.

Camping Mihinoa

Du fait de son éloignement, les hébergements peuvent y être assez chers, et nous avions donc choisi de réserver au camping Mihinoa quelques semaines auparavant. Nous passons notre première après-midi à installer notre tente, aller faire quelques courses et retirer de l’argent en ville. Avec ses deux seuls distributeurs ne fonctionnant pas toujours et n’ayant pas beaucoup de fonds disponibles, cela peut s’avérer compliqué…

Mon estomac et le repas d’avion de la vieille étant rentrés en guerre, nous choisissons de rester au camping pour notre deuxième journée. Le temps n’est pas non plus au rendez-vous, donc pas trop de regrets. Nous en profitons cependant pour aller acheter nos tickets d’entrée au parc national. Là, c’est la douche froide : les prix ont presque doublé en 1 an. Il faut maintenant payer 54.000 pesos par personne, soit presque 70 euros. En contre partie, la durée du pass est passée de 5 à 10 jours, mais comme peu de gens restent plus d’une semaine sur l’île, pas sûr que ça soit très profitable aux touristes…

Le soir même, nous nous prenons une sacrée tempête alors que nous dormons sous la tente. On avoue avoir un peu eu peur que celle-ci s’envole et nous n’avons pas passé une très bonne nuit, réveillés toutes les 20min par des bourrasques terribles. Mais notre petite maison a tenu le coup, c’est bon elle est prête pour résister à toutes les situations !

Premier jour de visite : Le volcan Rano Kau et le village Orongo

Rano Kau dans le brouillard.

La veille au moment d’acheter nos tickets, l’employé du parc nous avait averti que le volcan était en ce moment fermé à cause d’un incendie ayant ravagé une bonne partie du paysage quelques jours plus tôt. Ce site étant un des plus réputés, mais aussi un des plus beaux de l’île, on vous laisse imaginer notre déception à cette annonce. Cependant le soir même au camping, nous avions entendu des rumeurs comme quoi certaines personnes auraient réussi à monter au volcan, et surtout que le site allait rouvrir très prochainement.

Le lendemain, nous décidons donc de tenter notre chance et nous nous lançons quand même. Depuis le camping, la montée se fait en un peu plus d’1h, et personne ne nous arrête sur le chemin : il semble bien que le site ait ré-ouvert pile aujourd’hui, jackpot ! La vue sur le volcan Rano Kau n’est pas très dégagée, mais cela reste tout de même magnifique : pleins de petites marres d’eau se sont formées avec de la végétation, on ne croirait pas du tout regarder le cratère d’un volcan ! Nous profitons d’une courte et belle éclaircie pour aller visiter le village Orongo. Avec le pass du parc, l’entrée est unique (on ne peut pas y retourner une seconde fois), donc le soleil est le bienvenue ! Le site contient les vestiges de l’ancien village de pierre, aussi centre cérémoniel de l’île. De là, on peut voir les motus Iti et Nui où se déroulaient les compétitions permettant d’élire l’homme-oiseau, figure sacrée de l’île, et représentant du dieu Maké-Maké (on la fait rapide, mais en vrai l’histoire est bien plus longue que ça !).

5 minutes après la fin de notre visite, nous nous prenons à nouveau une belle averse pendant tout notre chemin de retour, et c’est trempés que nous arrivons au camping pour manger et nous faire une petite pause.

Ahu Tahai et son Moaï avec ses yeux…

Histoire d’être un peu au sec, nous dédions l’après-midi à la visite du musée Sebastian Englert. Gratuit et très instructif, il permet d’avoir un bon aperçu de toute l’histoire de l’île de Pâques, ainsi que des informations très intéressantes sur l’élaboration des Moai et leur acheminement jusqu’à leurs plateformes (les « Ahu »).

En fin d’après-midi, nous allons réserver notre location de voiture pour le lendemain puis allons assister au coucher de soleil depuis l’Ahu Tahai, THE spot connu en fin de journée afin d’admirer les dernières lueurs du jour. Nous ne sommes pas déçus du spectacle : il y avait du monde, mais c’était magnifique ! Hormis 1 ou 2 croisés en ville la veille, ce sont également nos premiers Moaï de l’île que nous admirons ici. Comme presque tous les autres, ils sont tournés vers le centre de l’île et représenteraient les ancêtres de la population de l’époque. Même si certains ont été assez abimés avec le temps, on se rend compte du travail de titan que tout cela a du demander, c’est bluffant. Certains ont conservé leurs chapeaux sur la tête, et on y trouve aussi le seul Moaï de l’île ayant des yeux.

Le soir, nous décidons de changer un peu de notre cuisine de camping et sortons nous faire un petit snack en ville. Premier « empanadas » (feuilletés fourrés au fromage ou autre) pour moi, et sandwich « Italiano » pour Florian. C’est assez gras, mais avec toutes les marches qu’on fait on peut se permettre au moins ça ;).

Grand tour de l’île en voiture

Pour notre 2ème jour de visite, nous avons opté pour la location d’une voiture pendant 24h. En effet, certains spots sont beaucoup trop loin pour être faits à pied, et louer un vélo ne s’avérait pas très pratique dans notre cas (le coût de 2 vélos était tout juste inférieur à la location d’une voiture). Nous avions de plus le souhait d’aller admirer le lever de soleil depuis l’Ahu Tongariki (également LE spot réputé pour voir les premiers rayons de soleil), et faire 40 min de vélo à 06h du matin sous potentiellement de la pluie ne nous bottait pas trop…

C’est accompagnés de Roland, un voyageur français rencontré à notre arrivée sur l’île, que nous partons tôt le matin en espérant avoir un beau lever de soleil. Au final, la couverture nuageuse était encore plutôt présente, mais nous avons eu tout de même de superbes couleurs. On n’imagine même pas le spectacle que cela doit être lorsque le ciel est clair ! Nous avions essayé de nous renseigner sur la météo quelques jours auparavant, mais nous nous sommes vite rendus compte que cela ne servait à rien ici : en 5 minutes la météo peut changer du tout au tout, et il peut faire beau d’un côté de l’île et pleuvoir des trombes d’eau de l’autre.

Dans tous les cas, le spectacle des Moaï se dévoilant petit à petit avec les premiers rayons du soleil avait vraiment quelque chose de magique : c’est à ce moment là que nous avons ressenti tout le mysticisme de l’île de Pâques. Voir ces géants de pierre sortir de la pénombre dans un silence total, c’était envoutant ! C’est également le plus grand Ahu de l’île : 15 Moaïs y sont alignés.

La plage d’Anakena

Après de longues minutes d’admiration, nous continuons notre tour en voiture tous les 3 dans le nord de l’île. Après plusieurs arrêts sur différents Ahu ainsi que des spots de hiéroglyphes, nous nous arrêtons à Anakena, un autre spot très connu de l’île de Pâques. En effet, c’est ici qu’on trouve une des seules plages de sable blanc de l’île (le reste n’étant que falaises escarpées), gardée par 6 grands Moaï. Ce ne sont pas les plus impressionnants selon nous, mais le cadre reste tout de même très atypique. Nous y rencontrons également des militaires chargés de nettoyer la plage de microparticules de plastiques. En effet, en y regardant de plus près nous pouvons voir pleins de petits bouts de plastique bleus. C’est bien triste de voir que la pollution des océans arrive même à toucher une île aussi isolée.

Le ciel étant toujours assez couverts, nous décidons tous les 3 de rentrer au camping le temps du déjeuner, en espérant que le soleil pointe le bout de son nez un peu plus tard dans la journée. Dès la première éclaircie, nous reprenons la voiture direction le must du must des visites de Rapa Nui : la carrière de Moaï de Rano Raraku. Là encore l’entrée est unique, et nous ne voulons pas rater l’occasion de voir ça sous le soleil ! Bon au final, le ciel bleu aura assez vite disparu, mais le temps est resté tout de même assez clair tout le reste de la journée. C’est de ce volcan que provienne tous les Moaï de l’île : taillés à même la roche, ils étaient ensuite glissés jusqu’en bas de la colline, puis acheminés jusqu’à leurs Ahus. Encore maintenant, la technique de déplacement des Moaï reste un mystère : plusieurs théories ont été émises, mais aucune n’a pu être vérifiée à 100%. Sur tout le flanc du volcan, on peut donc voir des dizaines de Moaï, finis ou non, certains encore reliés à la roche, parfois échoués ou renversés.

Cratère de Rano Kau

Pour la plupart, on ne voit que la tête dépassée du sol, mais tout le reste du corps se trouve intact sous terre. C’est un endroit assez magique et vraiment photogénique où nous aurions pu passer toute notre après-midi ! Sur le même site, nous en profitons pour aller voir le cratère du volcan, à 5min à pied seulement. Alors là, autant dire qu’on ne s’attendait pas du tout à ça : c’était tout simplement MA-GNI-FI-QUE. Peut-être est-ce parce que justement nous n’en n’avions jamais vu de photo avant et que nous ne nous attendions à rien en particulier, mais nous avons été bluffés par la beauté du site.

Avant la fermeture des sites de l’île en fin de journée, nous en profitons pour repasser une dernière fois à l’Ahu Tongariki (celui du lever de soleil), et le cratère de Rano Kau (celui du premier jour), que nous pouvons voir cette fois-ci sous un ciel dégagé.

Au final, nous n’avons pas regretté d’avoir loué une voiture toute la journée. Cela nous a permis d’aller voir (et re-voir) des sites un peu excentrés, et nous avons passé une très bonne journée en compagnie de Roland.

Jour 3 de visite : à pied !

Fini le luxe de la voiture, pour notre 3ème journée nous utilisons cette fois-ci nos pieds ! Il faut dire qu’un grand nombre de sites situés sur le côté Nord-Ouest de l’île n’est accessible que par des petits chemins de terre, donc cela s’avérait être beaucoup plus pratique. Après un looong départ de 1h sous une grosse pluie (qui nous a presque fait rebroussé chemin), nous arrivons à la grotte de Ana Kakenga en même temps que le soleil fait son apparition. Taillée directement dans les falaises, la grotte débouche côté océan, à plus de 20m du niveau de la mer ! Mieux vaut avoir une lampe torche pour se guider, mais c’est très impressionnant à voir. Nous continuons notre marche le long des côtes, et en profitons pour explorer d’autres grottes, dont Ana Te Pahu, la plus grande de l’île. En début d’après-midi, après déjà 4h30 de marche, nous arrivons au niveau de l’Ahu Akivi. Avec ses 7 Moaïs, celui-ci a la particularité d’être le seul dont les statuts ne soient pas tournées vers l’intérieur des terres, mais vers la mer.

Ahu Akivi

Sur la route revenant vers le village, nous nous faisons prendre en stop par une famille de chiliens, alors que nous n’avions même pas levé le pouce ! Spontanément, ceux-ci nous proposent de nous déposer à notre prochain arrêt : la carrière de fabrication des chapeaux de Moaï, Puna Pau. De là, la vue sur la ville est jolie, mais le site en lui-même n’a rien d’exceptionnel. Nous sommes bien contents d’y avoir été déposés en voiture car cela demande de faire un petit détour qui aurait été assez long à pied, pour au final ne pas voir grand chose. Sur la dernière portion de retour, nous nous faisons à nouveau déposer en voiture par un couple chilien. Là encore, nous n’avions absolument pas levé le pouce, et ces derniers nous ont déposé en ville alors que ce n’était même pas leur chemin. Trop gentils ces chiliens !

Derniers jours sur l’île

Notre dernière journée sur Rapa Nui ne sera pas très productive : nous nous baladons encore un peu dans les environs, faisons quelques petites emplettes et partageons notre dernière soirée avec Martha et Tanguy, un couple franco-belge rencontré sur place. Ces derniers viennent de passer 7 mois en Amérique du sud, et sont donc pleins de bons conseils pour la suite de notre périple. La dernière nuit sous la tente se fera à nouveau sous une pluie torrentielle et un vent très violent. Au camping, chacun semble se demander si sa tente tiendra la nuit, mais heureusement pas de dégâts à déclarer au petit matin !

Le lendemain, notre avion décolle à 13h pour Santiago. Le temps de plier la tente et ranger nos affaires, nous voici déjà à l’aéroport. Notre séjour sur l’île de Pâques, ce petit bout de terre surnommé « le nombril du monde » est déjà terminé. Cette terre empreinte de mystères et de beauté nous aura vraiment séduite. On a adoré s’y promener, à pied ou en voiture, et découvrir ses majestueux Moaïs. Cette semaine aura été aussi une transition parfaite entre la Polynésie et l’Amérique du Sud : nous y retrouvions à la fois des éléments de la culture tahitienne, mais aussi déjà une empreinte forte de la culture sud-américaine.

Cette fois-ci on y est : le continent, nous voilà !

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Coin pratique

1 euro ~ 740 Pesos Chiliens

Entrée au parc national de l’île de Pâques : 54000 pesos par personne.

Location de voiture : 34000 pesos à 2 chez Insular. Pas besoin de caution en liquide.

Où faire ses courses ? : Plusieurs petites épiceries dans la rue principale. Pas tout le temps donné, mais si on reste sur des produits basiques cela reste abordable.

Logement :

Mihinoa Camping : 7000 pesos la nuit en tente par personne (plus cher si vous louez la tente et le matériel sur place). Les coins communs sont assez propres, la cuisine est spacieuse et le salon commun plutôt agréable. En revanche, le camping est très exposé au vent…. ça peut secouer ! Les transferts vers l’aéroport sont gratuits.

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