Les grands espaces, la nature, et les activités en plein air, c’est fini ! Ou du moins pour le moment… Après presque 1 mois et demi dans le sud du Chili et de l’Argentine, nous arrivons à Valparaiso, notre première « grande » ville depuis un bon bout de temps.
En plus de la latitude, ce sont aussi les températures qui ont bien montées ! A Pucon, nous avions déjà eu quelques journées où le temps était très doux, mais là on change carrément de saison en une nuit de bus.
Pour les prochains jours, nous avions réservé trois nuits en Airbnb en plein centre, chez Rémi et Paola. Tous deux sont cuisiniers et ont travaillé pendant longtemps en France avant de venir monter leur restaurant au Chili. Nous sommes accueillis par Rémi dans sa grande maison, où nous nous sentons immédiatement comme chez nous. On sent qu’on va se plaire ici !
Un peu d’histoire…
Pour notre première journée dans la ville, nous avons choisi de commencer par un tour guidé gratuit dans la ville. Sur les conseils de Rémi, nous avons opté pour « Valp’otop » qui a l’avantage de se faire en français. Pendant 3h, nous nous laissons guider par Anouk et Mathieu dans tout le centre de Valparaiso. Le tour est vraiment complet et très intéressant : nous en apprenons beaucoup sur l’histoire de la ville, sur la dictature de Pinochet, et sur l’histoire des tags et des fresques qui recouvrent les murs de la ville.
A l’origine, Valparaiso était un des plus grands ports d’Amérique du sud, et donc une ville avec beaucoup de passages et de richesses. Avec l’ouverture du canal de Panama en 1914, les cargos en provenance d’Europe ne passaient plus par le Chili pour continuer leur chemin. Cela a engendré un déclin très important pour la ville, qui s’est petit à petit transformé en une ville très mal famée. Ce n’est qu’au début des années 2000 avec l’arrivée de l’Unesco (venue classée plusieurs quartiers au patrimoine mondial) que la ville a connu un second souffle. Des investissements ont pu être faits dans la ville pour la sécuriser, et le tourisme est petit à petit apparu, devenant maintenant une des sources d’économies les plus importantes de la ville.
En plus des nombreuses fresques de street art qui ont petit à petit décorés tous les murs de la ville ces dernières années, Valparaiso est également connue comme une ville très colorée (les habitants utilisaient les restes de pots de peintures des cargos pour repeindre leurs maisons… malin !), mais aussi comme étant la ville du poète Pablo Neruda (il est d’ailleurs possible de visiter ses maisons dans le coin).
Enfin, Valparaiso est aussi connue nationalement comme étant le lieu de départ du coup d’état de la dictature de Pinochet en 1973. Au matin du 11 septembre, la junte militaire commença la révolte sur la place d’arme, puis le relais fut pris à Santiago devant le palais présidentiel. A la fin de la journée, après d’intenses bombardements sur le palais présidentiel pour obliger le président de l’époque (Salvador Allende) à se rendre, les coups de feux cessent et ce dernier est retrouvé mort à l’intérieur du bâtiment. Pinochet, alors ministre des armées du gouvernement, prit le pouvoir à la tête de l’état. S’en suivirent par la suite 17 années de dictature militaire, de répression, de propagande, d’enlèvements et de tortures de milliers de personnes. Ces années très noires ont profondément marqué le Chili. A la suite d’un référendum, Pinochet quitta le pouvoir en 1990, et mourut en 2006, sans avoir jamais été jugé pour un seul de ses crimes pendant le temps de sa dictature. Fait marquant : seulement 54% de la population souhaitait le départ de Pinochet, et on trouve d’ailleurs encore beaucoup de généraux de la dictature à des postes importants du gouvernement actuel. Certains chiliens pensent que la dictature était un « mal nécessaire » pour le pays, et que les tortures et les assassinats de tous les opposants politiques étaient le prix à payer pour faire remonter l’économie du pays…
Lors de notre passage à Santiago, les élections présidentielles se sont tenues dans tout le pays, et le parti d’extrême droite soutenant encore la dictature de Pinochet a d’ailleurs remporté près de 8% des voix au premier tour… De quoi faire froid dans le dos.
Fini la parenthèse historique !
Bref vous l’aurez compris : nous avons été très emballés par notre « free tour ». Cela nous a appris beaucoup de choses et nous a permis d’avoir une première approche de la ville, des quartiers à voir et des quartiers à éviter. En effet, bien que Valparaiso ne soit plus la ville coupe gorge qu’elle a été autrefois, il y a tout de même quelques quartiers où il ne vaut mieux pas trainer, et des règles de bases à respecter (ne pas se balader avec l’appareil photo autour du coup, prendre le moins de liquide sur soi, et éviter d’aller dans des rues peu fréquentées le soir). Au fond que du bon sens, mais il faut être un peu plus prudent ici qu’ailleurs.
On profite à Valpo !
Pour la suite des journées, nous approfondissons nos visites des quartiers de la ville : Cerro Alegre, Cerro Bellavista, Cerro Concepcion, Cerro Panthéon, Cerro Artilleria... Nous faisons le tour de tous les principaux quartiers de la ville et cherchons les plus belles fresques sur les murs. On trouve de magnifiques œuvres de street art à chaque recoin de rue, et c’est un vrai plaisir que de déambuler dans les ruelles et de se laisser porter. Comme Valparaiso est construite sur 42 collines, ça monte pas mal et les cuisses travaillent ! Heureusement pour nous, des ascenseurs sont dispersés un peu partout dans la ville. Ils coûtent trois fois rien et s’avèrent très pratique en fin de journée. Un peu partout, on tombe également sur des ateliers ou des galeries d’artistes. La grande majorité est libre d’accès, et ça s’accorde vraiment bien à l’ambiance de Valparaiso. Nous faisons aussi un petit tour en bateau dans le port. 30min annoncées pour au final 15min de navigation. Inutile de dire qu’on était très déçus et mécontents, ce dont le capitaine semblait se moquer totalement….
Nous profitons également d’une matinée pour nous rendre au port de pêche Caleta Portales. Tous les jours, on y trouve des stands de poisson super frais venant tout juste d’être péchés. Mais l’endroit attire surtout les passants car il regroupe un nombre important de lions de mer et de pélicans ! Attroupés sur la plage derrière les stands, tous attendent un petit bout de poisson ou des restes que les pêcheurs voudraient bien leur envoyer… Les lions de mer tentent de s’approcher au maximum des barrières, et les pélicans ne se gênent pas pour envahir les toits des stands et des camionnettes alentours. Florian profitera d’être ici pour déguster des noix de saint jacques première fraicheur, pour la modique somme de 1,5 euros les 4…
Nous achetons également du poisson frais afin de le cuisiner ce soir avec notre hôte Rémi. Un chef cuisinier + pêche du jour, festin garanti !! Rajoutez à ça des crêpes faites maison en dessert, et c’était le bonheur.
Après avoir prolongé le séjour ici un peu plus que prévu, nous nous résignons à quitter Valparaiso au bout de 5 jours. Cette ville fut un réel coup de cœur pour nous. On aurait pu y rester encore quelques jours de plus. On y a adoré l’ambiance, la ville, et notre logement où nous avons fait des rencontres très sympas (ce qui a forcément beaucoup pesé dans la balance) ! Il n’y a pas de quoi s’ennuyer dans la ville, et celle-ci se prête parfaitement à des journées entières de déambulations, avec pauses pour boire un verre et manger des empanadas au soleil.
Santiago de Chile, notre première capitale sud-américaine !
Après Valparaiso, nous faisons une courte halte à Santiago, capitale du Chili. Nous n’en avons pas forcément beaucoup entendu parler en bien, mais nous tenions tout de même à nous faire notre propre avis sur la question. Parce que nous nous y sommes pris la veille, le choix en logement Airbnb s’est avéré très limité et nous étions donc un peu excentrés. Le quartier est assez étudiant, mais d’une rue à l’autre le changement d’ambiance est flagrant, et nous ne nous sommes pas toujours sentis très à l’aise. Sentiment renforcé par notre hôte Airbnb qui nous avertira même d’éviter de rentrer trop tard le soir…. Comme Santiago n’a pas très bonne réputation et que c’est notre première grande ville sud-américaine, on n’a pas trop tenté le diable et avons écouté ses recommandations.
Avec 2 jours sur place on essaye d’optimiser les visites, et commençons la première après-midi par le musée de la mémoire et des droits de l’homme. Celui-ci retrace toute l’histoire de la dictature de Pinochet, de 1973 à sa fin en 1990. Après en avoir déjà bien entendu parler à Valparaiso, cela nous a permis d’avoir des informations supplémentaires très complètes. Le musée est très prenant, et tout est bien expliqué à travers les audioguides mis à disposition. Certainement pas la visite la plus joyeuse de notre séjour, mais nous ne sommes pas déçus d’en avoir appris plus à ce sujet.
Pour notre 2ème jour, nous passons la matinée à visiter le Cerro Santa Lucia, dans le centre historique. Cette colline offre une jolie vue sur la ville et sur la cordillère des andes qui n’est pas si loin. L’après-midi, nous optons à nouveau pour un « free tour » dans la ville avec Santiag’Otop, la même compagnie qu’à Valparaiso. Cela nous permet en une après-midi d’avoir un bel aperçu des lieux principaux de la ville et avec les explications qui vont avec : palacio de la Moneda (le palais présidentiel), cathédrale métropolitaine, quartier des beaux-arts… Pendant le tour, je me risque à tenter une spécialité chilienne que l’on retrouve souvent dans des mini-stands de rues : le mote con huesillo ! Un mélange improbable de sirop de pêche, pêches confites et blé cuit…. Et bien c’est… pas la folie folie. Je me demande comment cela a pu venir à l’esprit de l’inventeur d’associer ces éléments entre eux !! Le soir, on se prend un petit verre en terrasse avec Antoine et Marie, rencontrés pendant le tour. Eux aussi voyagent pendant plusieurs mois en Amérique du sud, et nos chemins se recroiseront peut être un peu plus tard dans nos périples ! Une super soirée entre voyageurs qui nous a beaucoup plu.
Le lendemain, nous quittons déjà Santiago. Au final notre passage dans cette capitale nous a bien plu. La ville est immense (8 millions de chiliens sur 17 vivent à Santiago et sa périphérie), mais le centre reste très faisable en quelques jours, et vaut quand même le coup d’œil selon nous.
Depuis maintenant plus de 3 semaines que nous sommes au Chili, il est temps pour nous de retraverser encore une fois la frontière ! Nous prenons le bus tôt le matin en direction de… Buenos Aires !
Tous nos articles sur le Chili :
- L’île de Pâques, le nombril du monde
- Punta Arenas : retrouvaille, pingouins et choc thermique
- Le trek W du Torres del Paine
- Puerto Rio très-Tranquillo et passage à Coyhaique
- L’ile de Chiloé
- Pucon, On Top Of The World !
- Valparaiso et Santiago
- Sur une autre planète à San Pedro de Atacama
- Bilan du Chili
Coin pratique
1 euro ~ 750 Pesos Chiliens
Valparaiso :
Bus Pucon – Valparaiso : 14.400 pesos par personne avec Pullman en semi-cama. Départ 19h30 arrivée 07h30.
Free Tour Valp’OTop : départ tous les jours à 15h30 sur la place d’armes. Le tour dure environ 2h30 à 3h. On le recommande vraiment, c’était très intéressant. Gratuit mais pourboire apprécié (environ 5.000 à 10.000 pesos par personne).
Ballade en bateau dans le port : 10.000 pesos par personne négocié à 4.000, mais ne vaut absolument pas le coup selon nous… Le tour est censé durer 30min et au final nous étions de retour au bout de 20. Aucune explications et le tour est vraiment restreint.
Bus gare routière Valparaiso – centre : le bus 612 sur l’avenue Argentina passe régulièrement et dépose directement dans le cerro Alegre.
Métro Valparaiso : pratique pour aller au port de pêche ou à Villa del Mar (la ville d’à côté). Le trajet n’est pas cher (600 pesos environ) mais il faut acheter une carte magnétique à 1.000 pesos au préalable.
Bus Valparaiso – Santiago : des bus partent toutes les 20 min de la gare routière avec pleins de compagnies différentes. Notre hôte Rémi nous a conseillé la compagnie Romani, la moins chère de toute. 2.000 pesos par personne et 1h30 de trajet.
Santiago :
Santiag’Otop : Free tour, même principe qu’à Valparaiso. Rdv tous les jours à 15h devant la bibliothèque nationale.
Musée de la mémoire et des droites de l’homme : gratuit. Audioguide 2.000 pesos (disponible en français). Très intéressant.
Métro Santiago : environ 660 pesos le ticket, suivant les heures de la journée (plus cher en heure de pointe). Pas besoin de carte au préalable.
Bus Santiago – Buenos Aires : 55.000 pesos par personne avec la compagnie Ahumada (prix pour les semi-cama, 67.000 pour les camas). En réservant par internet, nous avons pu sélectionné des sièges en cama pour des prix semi-cama… Le voyage dure normalement 20h, mais nous avons eu du retard en raison de l’attente à la frontière. Départ 3 ou 4 fois par semaine.
Logements :
Airbnb à Valparaiso chez Rémi et Paola : super bien placé, Rémi et Paola sont super accueillants. La maison est grande, belle, toute équipée et lumineuse ! Un excellent rapport qualité/prix.
Airbnb à Santiago chez Naxis : pas forcément bien placé, sombre et pas très propre…
Restaurants :
Fauve à Valparaiso : une institution dans la ville, avec une superbe vue panoramique. Nous avons été un peu déçus pour le rapport qualité/prix (compter minimum 8.000 le plat). Il faut réserver en avance si l’on veut des places sur la terrasse.
Empanadas chez « Les petits Filous de Montpellier » à Valparaiso : environ 1.700 l’empanadas. Les goûts changent de ce qu’on trouve habituellement. On en trouve au Camembert et boeuf bourguignon !!